Le Touquet: les dunes victimes d’un défrichage intensif sur le golf
Publié le 05/03/2015
La société Open Golf Club est-elle allée trop loin dans ses travaux de réhabilitation du golf du Touquet ? Dans l’optique de redonner au parcours le lustre qu’il avait dans les années 30, une vaste opération de défrichage a eu lieu au sud du domaine de Whitley. Les écologistes réagissent.
« C’est comme une déflagration de bombe. Les arbres ont été coupés à ras, il n’y en a plus un debout. » Sylvain Gouz, président de l’association de sauvegarde de la forêt et des dunes (AFSD) n’en revient pas. « Au sud de Whitley et au nord du golf du Touquet, pas moins de cinq hectares ont été défrichés ces dernières semaines. Et les dégâts sont irréversibles. Est-il besoin de rappeler que cette zone dunaire est un espace remarquable et protégé ? » Dans cette zone isolée du sud du Touquet, ce défrichage est passé quasiment inaperçu. Se rendant sur place, Sylvain Gouz a constaté l’étendue des dégats. Il a tout de suite prévenu Daniel Fasquelle, le maire du Touquet. Lui non plus n’était pas au courant de l’étendue de ce défrichage. « Et je ne m’attendais pas à ça, Je savais qu’il y avait un projet de défrichage dont le but était de permettre au Golf de retrouver son parcours historique des années trente, mais il semble qu’ils se soient laissés emporter par leur enthousiasme. Ce défrichage est spectaculaire et loin d’être anodin… »
Daniel Fasquelle organise dans la foulée une réunion avec Sylvain Gouz et Nicolas Boissonnas, le patron de la société Open Golf club. « Avec le maire, nous avons dit à Nicolas Boissonnas qu’il était vraiment allé trop loin dans cette opération, explique Sylvain Gouz. D’autant plus qu’il y a irrégularité puisqu’il n’y a pas de permis de défrichage, ce qui est indispensable pour une telle surface. Nicolas Boissonnas a reconnu qu’il y avait été un peu fort… »
Plutôt que de partir dans un conflit juridique, Sylvain Gouz a demandé des compensations. Notamment le classement en réserve naturelle de terrains touquettois appartenant au Touquet Syndicate, autre société de Nicolas Boissonnas. « Je lui ai aussi demandé un programme de reforestation sur d’autres terrains. Nicolas Boissonnas a accepté ce compromis dont les modalités devront être précisées au cours d’une seconde réunion à la fin du mois de mars. » Si les deux parties se mettent d’accord, Sylvain Gouz acceptera de tirer un trait sur ce défrichage qu’il juge sauvage. « Sinon, ce sera une action en justice. Mais je ne crois pas que l’AFSD en arrivera là. Je pense que Nicolas Boissonnas a la volonté de trouver une solution acceptable. »
Le GDEAM réserve sa position
Le groupement de défense de l’environnement de l’arrondissement de Montreuil (GDEAM) a, lui aussi les yeux braqués sur le golf du Touquet. L’association de sauvegarde de la forêt et des dunes est affiliée au GDEAM et les deux associations travaillent de concert sur ce dossier. « Tout en gardant leur indépendance respective », précise Marc Éverard, le directeur du GDEAM. Et ce dernier indique aussi que « le promoteur ne pouvait pas ne pas savoir qu’il se trouvait dans un espace remarquable où l’on ne fait pas ce que l’on veut. Je sais que la Direction départementale et de la mer suit ce dossier. C’est à elle de déterminer s’il y a faute ou non. Et en fonction de ce que dira la DDTM, le GDEAM déterminera sa position. »
«On s'est montré trop enthousiaste»
Nicolas Boissonnas fait amende honorable. Il reconnaît qu’il a un peu abusé de la tronçonneuse. « On s’est montré trop enthousiastes. Peut-être aurions-nous dû nous restreindre… » Il est vrai que Nicolas Boissonnas caresse le rêve de rendre au golf du Touquet le lustre qu’il avait dans les années trente. « Pour modifier trois des dix-huit trous, il fallait réadapter le terrain, d’où ce défrichage. » Et Nicolas Boissonnas soutient qu’il n’a enlevé que des taillis et des futaies « et en aucun cas de gros arbres et des pins maritimes. Mais une fois les travaux terminés, le golf sera superbe. »
Nicolas Boissonnas confirme qu’il a pris bonne note du compromis proposé par Sylvain Gouz et qu’il compte bien s’y plier. « Sylvain Gouz a demandé qu’on classe une partie de nos terrains en réserve naturelle. Je suis d’accord. Ce sera un terrain situé entre le golf et la mer. Mais il reste à le déterminer avec précision. Quant au programme de reforestation que Sylvain Gouz a proposé, je suis d’accord aussi. Mais c’est impossible sur le Touquet. Cela concernera des terrains sur le territoire de la CCMTO. »
Association de Sauvegarde de la Forêt et des Dunes de la Côte d'Opale