Le 27 juillet 2007
Le Touquet, station du Vélo ?
Souvenons-nous ! Peu après son élection, en 1995, le prédécesseur du maire actuel (ce dernier a été réélu en 2001 après une interruption d’un mandat) avait implanté sur l’avenue du Général de Gaulle un panneau portant cette inscription, valant alors programme… et, de fait, quelques réalisations substantielles suivirent comme, par exemple, les bandes cyclables sur le front de mer et la piste (un peu étroite certes) reliant le carrefour du Golf à l’allée des Jonquilles.
Aujourd’hui, quelle est la place du vélo dans notre ville ? Est-elle suffisante et, sinon, comment l’augmenter, si possible au moindre coût pour la collectivité communale.
Bien entendu, notre postulat est ici que les circulations « douces » (marche à pied, deux-roues non motorisés, transports en commun à énergies propres) doivent en ville bénéficier d’une priorité affichée et mise en oeuvre par les élus locaux (c’est-à-dire le maire et sa majorité municipale).
1- A l’évidence, la place reconnue au vélo n’est pas suffisante !
Notre affirmation nous paraît pouvoir être corroborée par la situation observée dans d’autres stations balnéaires d’Europe du Nord, laquelle, par comparaison, fait ressortir la médiocrité de la place reconnue au vélo dans notre ville. Bien sûr, les responsabilités sont partagées : trop de citoyens n’ont pas de vélo ou s’en servent très insuffisamment, tandis que les élus locaux semblent se satisfaire d’une situation insatisfaisante. Deux exemples :
11- les embouteillages pour entrer et sortir de la station
En période d’affluence touristique (cette période englobant, outre l’été, les « petites vacances » et de nombreux week-ends), ces embouteillages sont fréquents et souvent très longs, ce qui, Côte d’Azur mise à part, n’a guère d’équivalent chez nos voisins septentrionaux, que ce soit à Knokke-le-Zoute ou dans les îles de la Frise... La fluidité de ce trafic pourrait certes être très améliorée par 2 ou 3 carrefours giratoires sur l’avenue de Gaulle (RN 39), prolongeant celui du « Mac Do », carrefours dont l’absence est à ce jour inexplicable ! Mais ces embouteillages sont aussi le signe que le vélo n’est pas encore majoritairement perçu comme un moyen commode et sûr d’aller à Cucq ou à Etaples et inversement.
L’argument du « Pont Vert » a été un temps avancé par certains comme un remède possible à ces bouchons. Il n’a selon nous aucune valeur, outre qu’il n’est vraiment plus dans l’air du temps d’envisager de pouvoir créer une large voie nouvelle à travers la vaste zone humide des bas-champs situés en bordure de Canche, entre l’A16 et le fameux rond-point du Mac-Do. D’autres que nous, et pas seulement les Verts, s’y opposeraient, comme sans doute un certain ministère du Développement Durable !
12- le stationnement Place de l’Hermitage et aux abords du Tennis-Club
Il fut un temps (jusque dans les années 1960 ?) où la cour actuelle du Palais de l’Europe, au lieu d’être un parking très souvent débordant, était un espace recouvert de graviers et équipé de bancs publics, réservé aux piétons et mettant parfaitement en valeur l’architecture de l’édifice… Aujourd’hui, dès qu’une manifestation quelconque a lieu dans le Palais, au Tennis-club ou au Palais des Sports (notre 2ème palais !) tous les abords de la Place de l’Hermitage sont saturés par le stationnement, la marée automobile pouvant se répandre sur plusieurs centaines de mètres dans les avenues adjacentes. Quel spectacle alors que cette entrée noble de la station transformée en parking désordonné à ciel ouvert ! Deauville, Cabourg et quelques autres stations françaises réputées offrent un meilleur visage à leurs visiteurs.
La solution à ce problème sera en grande partie trouvée par l’enterrement sous le domaine public d’un vaste niveau de parking (soit la Place de l’Hermitage elle-même, entre le Rond-Point des Sports et l’avenue Arsène Bical) - parking à notre sens prioritaire sur tous les autres projets plus proches de la plage- dont la rentabilisation sera facilitée par l’interdiction du stationnement en surface (tant sur les rives de la Place que dans la cour du Palais de l’Europe) et par une offre d’amodiation aux résidents du voisinage. La Place, qui est en fait un morceau d’avenue, pourra du même coup être réaménagée, avec terre-plein central fleuri, trottoirs élargis, mobilier urbain adéquat… et piste cyclable en site propre.
En regard de ce stationnement envahissant, la place du vélo apparaît comme dérisoire ; il n’est que de compter le nombre de bicyclettes ces jours-là ; d’ailleurs, très souvent, les quelques arceaux qui leur sont réservés au pied du Palais sont rendus inutilisables par les voitures (quid de l’accessibilité des véhicules de secours ?!). En résumé, les aménagements que nous préconisons changeraient la perception de tous, visiteurs et résidents : l’entrée de la ville ne serait plus perçue d’abord comme un lieu de stationnement mais comme un accès invitant à voir et sentir une différence qualitative : des cyclistes ayant leur voie propre, des plantations d’alignement ordonnées, un éclairage public approprié, des massifs de fleurs et végétaux en terre-plein central, une chaussée ramenée à sa juste et suffisante place (1 voie dans chaque sens, comme l’entrée d’Arras en venant de l’A1, exemplaire par son traitement qualitatif), avec une vitesse ramenée à 30 ou 40 km/h au lieu des 50 actuels.
2- Oui, il est possible de faire plus et mieux pour le vélo, et à faible coût !
Les fleurs c’est bien et même très bien, nos jardiniers communaux ayant d’ailleurs beaucoup progressé ces dernières années dans l’art d’harmoniser les couleurs et d’emprunter aux nouvelles tendances de la décoration florale… mais quand notre station pourra-t-elle briguer le ruban jaune de l’excellence vélocipédique, en complément des récompenses déjà obtenues pour le fleurissement ?
A la vérité, peu de moyens financiers sont nécessaires, en regard des bénéfices attendus pour la qualité de la vie en ville, mais en revanche il est requis une volonté politique claire et constante si l’on souhaite franchir une étape décisive dans la reconnaissance de la place du vélo au Touquet. Deux séries de propositions nous paraissent s’imposer d’elles-mêmes tant elles répondent à des besoins évidents et guère contestables par quiconque. Elles présentent au surplus l’avantage d’être peu coûteuses et aisément réalisables lors des premiers mois de la prochaine mandature municipale.
21- Achever les deux liaisons « intercités »
Le Touquet-Etaples-Le Touquet
La première liaison à parachever est bien sûr celle devant relier Le Touquet à Etaples et qui, en provenance de la station, s’interrompt au carrefour du Mac-Do ; à l’inverse, l’embryon de piste cyclable réalisée sur le port de plaisance d’Etaples n’a pas de prolongement sur le Pont Rose. La solution n’est ici pas idéale, à raison même des dimensions du pont, lesquelles n’autorisent guère que la création d’une étroite bande cyclable sur chaque trottoir de celui-ci, restreignant d’autant l’espace dévolu aux piétons… L’idéal, coûteux par comparaison avec cette solution, serait la construction d’une passerelle doublant le Pont Rose, d’un seul jet (sans pile intermédiaire), ouvrage d’art qui serait aussi léger qu’élégant bien sûr, et réservée aux seuls piétons et deux-roues non motorisés. On peut rêver ! Nous proposerions de la baptiser la Passerelle Verte, couleur qu’elle mériterait en effet vraiment…
Ajoutons qu’il manque un maillon de taille à la piste cyclable de l’avenue du Général de Gaulle : en venant du Mac-Do pour entrer au Touquet, la piste cyclable s’interrompt en effet aux feux du croisement avec l’avenue du Général de Lattre… soit un déficit à combler de 2 km, distance entre ce croisement et le Rond-Point des Sports (Ecole Hôtelière).
Le Touquet - Stella-Plage- Le Touquet
Rappelons que nous devons au Département du Pas-de-Calais le financement et la réalisation de la piste cyclable reliant le Rond-Point du Golf à l’allée des Jonquilles (dans le cadre d’un schéma d’équipement cycliste du littoral), piste qui est donc fort opportunément venue compléter celle réalisée par la ville sous la précédente mandature, sur l’autre rive de la route départementale, en mitoyenneté du terrain de golf. La distance restant à couvrir entre ce point provisoire d’arrivée et l’entrée de Stella-Plage (dotée depuis quelques jours d’un giratoire de fortune, c'est-à-dire très bon marché) n’est que de 500m, soit donc un linéaire total de piste à prévoir de 1km environ, dans l’hypothèse d’une piste à sens unique sur chaque côté, avec certes l’inconvénient d’un franchissement de relief prononcé.
22- Les autres mesures souhaitables et possibles
Au-delà des deux infrastructures « lourdes » précitées, toute une série de mesures plus légères doit être envisagée, de nature, comme disent les économistes, à renforcer la politique de l’offre, les organes, autrement dit, ayant pour effet de créer les fonctions. Il s’agit donc, pour des élus conscients et conséquents, non seulement d’anticiper les besoins en déplacements mais également de privilégier la satisfaction de ces besoins par des moyens conformes à l’esprit du développement durable. A défaut, l’on resterait dans des incantations peu productives et bien françaises.
Augmenter fortement l’offre de stationnement pour les vélos
De nombreux quartiers ou secteurs de la station sont dépourvus ou insuffisamment pourvus en équipements appropriés : au droit du Blériot-Club, en l’absence d’arceaux à proximité, chacun peut constater, les jours de beau temps, que les vélos squattent la main courante de la digue basse ; aux abords de la Place du Marché, l’insuffisance est également visible, tout comme Place de l’Hermitage (seuls 5 ou 6 places offertes à l’entrée du Palais de l’Europe) et Place Quentovic.
Une mesure forte : le contresens autorisé pour les vélos
A Gand, ville touristique s’il en est, les cyclistes ne sont pas assujettis aux sens uniques ; ils ont ainsi le droit, en centre-ville, de rouler à contresens des voitures, obligeant très naturellement celles-ci à faire montre d’une vigilance accrue et d’une vitesse plus modérée. Une telle mesure serait a priori applicable sans difficultés majeures sur la plus grande partie du territoire urbain de la station. Bien entendu, cela supposerait une étude préalable sérieuse pour définir le périmètre concerné et nécessiterait ensuite une information publique appropriée.
Conclusion
Là où il y a une volonté… il y a une piste, sinon cyclable, tout du moins à explorer !
Les solutions techniques ne manquent pas pour faire plus de place au vélo en ville, quelle que soit la taille de la cité concernée, son étendue et sa population. La plupart des pays d’Europe du Nord ont mis en œuvre avec succès, et cela souvent depuis plusieurs décennies, des solutions très satisfaisantes, pour ne pas dire optimales, du point de vue de la qualité de la vie urbaine. Les obstacles chez nous en France seraient culturels, et sans doute le sont-ils, mais Strasbourg et La Rochelle hier, Paris aujourd’hui, montrent l’exemple et prouvent que le culturel en ce domaine n’est pas invincible.
Chacun sait, aux Pays-Bas tout du moins, que la reine de Hollande peut fréquemment être croisée à vélo dans les rues de La Haye, quand elle vaque à ses occupations personnelles.
Alors, faisons un rêve : que le prochain conseil municipal du Touquet, que nous élirons en 2008, se rende à sa séance inaugurale, en vélo et au complet, pour bien frapper les imaginations et montrer que la rupture est possible aussi au Touquet !
P.S.
Nous déplorons que les actuelles bandes cyclables n’aient pas été remises en peinture avant la saison d’été. Leur état actuel n’est pas acceptable. Nous invitons les élus concernés « à faire en sorte » d’y remédier dès que possible.