ASSEMBLEE GENERALE DU 16 JUILLET 2005
RAPPORT DU PRESIDENT
Ce rapport moral est une formalité un peu rituelle, mais c’est aussi l’occasion pour la petite équipe qui anime l’ASFD de vous remercier pour votre appui ; votre présence, cet après-midi en témoigne ainsi que, pour ceux qui le peuvent, vos visites nombreuses sur le site internet de l’Association, plusieurs centaines à ce jour.
Et bien entendu, ce rapport moral est le moment de vous rendre compte de notre action, de faire le point sur le passé et de tracer des pistes pour l’avenir.
Cette année, ces douze mois qui nous séparent de l’assemblée générale 2004 qui s’était tenue le 16 juillet aussi, ont été riches d’événements de péripéties et d’activités pour l’ASFD. Je vais m’efforcer de retracer celle-ci à grands traits pour entrer davantage dans les détails en réponse à vos questions lors de la discussion générale ensuite.
Il me faut bien commencer par le dossier, les dossiers WHITLEY. Ce n’est pas que cela nous motive particulièrement. Nous ne sommes pas directement concernés par le programme immobilier en gestation, nul d’entre nous n’a de contentieux personnel avec le promoteur Michel DENIS… bref si nous nous sommes tant engagés dans ce combat pour préserver ce carré de dunes au sud de la station, c’est, je tiens à l’affirmer ici dans l’intérêt général. Parce que d’abord il est dans notre objet social de « sauvegarder les dunes » et puis parce que le respect de la loi -de la loi Littoral en l’occurrence- est à nos yeux le socle de toute vie en communauté.
Alors concernant WHITLEY il y a eu d’abord un permis de construire accordé par le Maire le 6 octobre 2004. S’ensuivent quelques épisodes rocambolesques, où il apparaît que, contrairement à la loi le permis de construire n’est pas affiché sur le terrain, où il se manifeste que selon le registre des affichages en mairie, le d dit permis de construire avait été affiché avant même d’être signé, où deviennent patentes nombre d’irrégularités au regard même du plan d’occupation des sols. Sans compter, bien sûr, ce qui est le plus flagrant à nos yeux, le non-respect de la Loi Littoral qui proscrit toute construction dans cette zone.
Il y a tout juste un an, nous disions ceci : « Il semble néanmoins que le député maire s’apprête à signer ce permis de construire dans les tout prochains jours. Si c’est le cas, il sera soumis à l’Autorité préfectorale. Qu’en sera-t-il alors ? Comme nous vivions dans un état de droit, nous avons confiance, mais nous irons si nécessaire faire valoir notre point de vue devant le tribunal. »
Ainsi fut fait ; nous avons multiplié les voies de recours, devant l’autorité préfectorale appelée à juger de la conformité des actes administratifs, devant le Maire du Touquet lui-même, devant le tribunal administratif de Lille. Nous n’avons d’ailleurs pas été les seuls. En tous cas, la sous-préfète de Montreuil a pris en compte notre appel puisqu’elle a elle-même demandé à Léonce DEPREZ de revenir sur sa décision et nous n’avons pas eu besoin d’aller plus avant puisque devinant sans doute que le combat était perdu d’avance, Michel DENIS a rendu les armes et renoncé de lui-même à son projet à la mi-février, ce qui a permis au maire d’annuler le permis sans vouloir donner l’impression d’une déroute en rase campagne ou tout simplement d’avoir du se plier à la loi.
Mais on ne saurait désespérer des forces du béton. Les voilà reparties de plus belle et pas plus tard que le 20 juin, à l’occasion d’une audience à laquelle il avait bien voulu convier les membres du bureau de l’ASFD, Léonce DEPREZ nous a annoncé tout à trac qu’il allait accorder un nouveau permis de construire au même Michel DENIS pour le même espace dunaire. Errare humanum est, perseverare diabolicum. Si l’erreur est humaine, la persévérance dans l’erreur est diabolique. En l’occurrence, il y a vraiment lieu de s’interroger sur l’obstination, que dis-je l’acharnement, dont font preuve tant le promoteur que le maire dans cette aventure. Interrogation… chacun imaginera sa réponse.
Et bien en tout cas si nouveau permis de construire il y a, nouveau recours il y aura. Je l’ai dit à Léonce DEPREZ ajoutant qu’en tant que législateur il votait certes la loi mais qu’en tant que maire il se devait de la respecter
Au passage tout de même il faut noter que le tribunal administratif devant lequel nous avions intenté un recours a ordonné à la Ville du Touquet de nous verser 500 € au titre des frais engagés par nous. le mandatement est en cours d’exécution.
Deuxième volet judiciaire maintenant de ce dossier WHITLEY. L’an dernier, nous évoquions l’instruction ouverte contre Michel Denis pour avoir défriché la zone et nivelé les dunes. Et bien en quelques mois, le juge a conclu cette instruction et déféré Michel DENIS devant le tribunal correctionnel pour avoir « sur la commune du TOUQUET-PARIS-PLAGE, dans le courant des années 1999 à 2004, exécuté des travaux ou utilisé le sol sans permis de construire, en l’espèce en ayant notamment procédé à des travaux de défrichement et d’arasement des sols. Faits qualifiés de construction sans permis de construire».
Le procès a eu lieu le 16 juin. Lors de l’audience devant le tribunal Correctionnel de Boulogne, le Procureur a requis une amende de pas moins de 50 000 €.
Par la voix de son avocat ; l'ASFD, partie civile au procès, a demandé, outre des dommages et intérêts, la remise en état de la zone par comblement et vallonnement des surfaces et replantation en oyats et argousiers: si la condamnation de l'infraction, avérée à nos yeux, est importante, cette remise en état nous paraît indispensable pour réparer le préjudice subi par la nature.
Le jugement a été mis en délibéré au 15 septembre. Nous faisons naturellement toute confiance à la Justice.
Cette affaire de WHITLEY n’est pas que circonstancielle. Ce qui est en jeu, c’est véritablement l’avenir de nos espaces de nature. Pas seulement au Touquet. Léonce DEPREZ nous explique que ce projet de construction de villas de grand luxe est vital pour l’avenir de la station et que c’est le Politique qui doit avoir le dernier mot face à l’Administratif et au Judiciaire. Il est décidé à se battre pour cela. Et pas seulement au Touquet En témoigne son action de Président d’une mission parlementaire sur l’application de la Loi Littoral dont le rapport a fort heureusement été mis sous le boisseau par le gouvernement,
Mais voilà qu’il retarde le Plan Local d’Urbanisme, le PLU que nous avons maintes fois évoqué. Il y a tout juste un an le Conseil municipal adoptait un projet de PLU. Et en un an rien n’a bougé. Lorsque nous lui avons posé la question, le 20 juin, le Maire nous a expliqué que, en définitive il subordonnait l’adoption de ce PLU à la mise au point, au niveau intercommunal, d’un Schéma de Cohérence Territoriale, un SCOT, dans le jargon administratif. Or, il s’avère que ce SCOT pourrait, sous certaines conditions permettre de contourner les dispositions de Loi Littoral. Et le tour serait joué.
La réalité risque d’être moins simple. D’abord parce que le maire du Touquet, même s’il est également député ne saurait sans coup férir imposer sa volonté aux autres municipalités (dont nous contacterons bien évidemment les élus). Ensuite toute la démarche est soumise à l’approbation du préfet (auprès duquel nous nous réservons de faire valoir nos vues). Enfin parce que tout acte de cette nature -modification de la réglementation d’urbanisme applicable à une zone- au profit d’un intérêt particulier -celui d’un promoteur en l’occurrence- est susceptible d’être déféré devant le tribunal administratif. Nous n’y manquerons pas le cas échéant.
Mais encore une fois, en nous battant ainsi bec et ongle, nous ne faisons preuve d’aucun sectarisme, d’aucun juridisme -étroit par définition-. Nous ne faisons que défendre la nature, qui en a bien besoin, avec les faibles moyens que nous donne la loi. Et ce combat, un peu « pot de terre contre pot de fer » n’intéresse certes pas que le Touquet. Les dunes de WHITLEY témoignent pour l’ensemble des rivages français encore protégés, et à nouveau vivement attaqués. Les défendre, c’est symboliquement défendre le patrimoine naturel que nous laisserons aux générations futures. C’est pourquoi nous vous soumettrons tout à l’heure une motion sur le sujet.
Défendre la nature, que dire, il faut même protéger la santé publique lorsqu’il y a lieu. Et il y a lieu… Rapidement : la scène se situe dans la zone aéroportuaire du Touquet. Il y a là un garage. Appelons le garage B. Et faisons le tour du garage B. Que voyons-nous ? Ici des carcasses de vieilles carrosseries rouillées, un peu plus loin une montagne de pneus hors d’usage, tournons derrière le bâtiment et voici exposées aux ruissellement des pluies et aux vents un amoncellement de batteries automobiles sans doute déchargées d’électricité mais remplies d’acides… pour mémoire observons la cheminée de l’atelier de peinture qui alimente si l’on peut dire l’atmosphère à quelques dizaine de mètres des habitations.
Que faire ? Alerter la municipalité. Nous l’avons fait Jean-Claude Bostvironnois, notre secrétaire général et moi-même et à de multiples reprises depuis la mi-novembre et photos à l’appui remises au maire en main propre. Nous lui avons écrit, il nous a répondu. Rien ne se passait…
Nous nous sommes rendu sur place ce matin et bien n’hésitons pas à crier victoire. Les batteries ont déjà été enlevées, le nettoyage des abords du garage est en cours. Il aura tout de même fallu huit mois et peut-être l’annonce de notre Assemblée pour effectivement aboutir au but.
Ainsi, il arrive, fort heureusement, que notre action débouche positivement. Cela a été également le cas de nos démarches pour sauver un petit espace vert, en ville, rue Dorothée précisément. Ce terrain entré dans le patrimoine communal –par expropriation pour cause d’utilité publique- voici plus de quarante ans, le 10 octobre 1961, devait être rendu à nouveau constructible et construit dans le cadre du prochain Plan Local d'Urbanisme.
Au grand dam des riverains qui se sont mobilisés. Nous sommes allés voir le Maire du Touquet avec quelques uns d’entre eux.
Au vu du contexte juridique et peut-être également face à la forte mobilisation des riverains Léonce DEPREZ a fait marche arrière et considère désormais que ce terrain demeurera un jardin public. Il vient de me le confirmer par écrit. Ce dont nous ne pouvons tous que nous féliciter.
Alors il y aurait encore beaucoup à dire sur cette année fertile en évènements, à propos des contorsions municipales autour de l’enduro : aura-t-il lieu, sera-ce le dernier du genre ? Oui puis non, puis oui à nouveau. En attendant le tribunal administratif a de nouveau annulé l’autorisation préfectorale de l’enduro …2004. Pour notre part nous ne sommes pas en première ligne dans ce combat laissant l’initiative à d’autres (GEDEAM, Nord Nature Environnement) mais étant bien sûr solidaires de leur action. Il n’empêche. Nous ne pouvons que nous interroger sur l’absurdité qui consiste à vouloir protéger les dunes en plantant oyats et argousiers en y limitant la circulation, pendant 363 jours par an pour les laisser piétiner par des dizaines de milliers de personnes durant les deux jours de l’enduro…
Beaucoup à dire sur l’aménagement du centre ville que l’on peut trouver assez comment dire accompli… à ceci près que du point de vue de la place de l’automobile on a mis la charrue avant les bœufs. C’est très bien de limiter les emplacements de stationnement mais à la condition d’avoir prévu en amont des solutions de stationnement alternatif. Or ces solutions n’existent qu’en aval c’est-à-dire sur la digue, c’ qui veut dire que les voitures doivent traverser le centre ville dans un sens pour aller se garer puis le retraverser dans l’autre sens pour repartir
Beaucoup à dire aussi autour des projets de construction de collège et de complexes hôteliers sur la petite piste de l’aéroport.
Beaucoup à dire enfin sur l’option de tourisme à outrance mise en œuvre dans la station. « Trop de tourisme risque de tuer le tourisme » disions-nous voici deux ans. De ce point de vue nous avançons à grand pas vers le précipice : les animations se suivent pour attirer le tourisme de passage au risque de décourager le tourisme de villégiature. Si l’on ajoute la faveur faite aux camping-cars qui profitent de toutes les infrastructures sans participer en rien aux frais communs…
Mais je souhaite aussi mettre en avant un autre visage de notre association, celui de laboratoire d’idées, de constructeur d’avenirs, de bâtisseur de propositions. Des propositions nous en avons, si j’ose dire plein nos cartons. Et nous les avons développé devant Léonce DEPREZ lors de cette entrevue du 20 juin que j’évoquais tout à l’heure : elles vont d’une mise en valeur et d’un balisage des sentiers pédestres, cyclables et équestres à un aménagement digne de ce nom de la pointe Nord, un des plus beaux sites touquettois laissé aujourd’hui en quasi-abandon (non obstant la limitation bienvenue des camping cars sur la route en corniche). Elles concernent une action considérable de reboisement pour faire face à l’abattage massif des arbres de la part de propriétaires de villas en forêts inconscients des équilibres écologiques, une action de reforestation donc en visant un objectif de 1 000 ha sur vingt ans aussi bien sur les espaces libérés à l’aéroport que sur l’arrière pays. Et je n’oublie pas une question majeure qui s’imposera à tous si nous ne prenons pas les devants. Celle de l’eau. Le raccordement à un réseau de collecte pour les eaux usées en forêt qui sera obligatoire dans quelques années, et le traitement de ces eaux usées. La station d’épuration des eaux est obsolète et sous-dimensionnée… Quels sont les projets, où sont les perspectives ? Bien sûr cela se discute et doit se faire dans l’intercommunalité… mais aussi dans la transparence.
Enfin, et cela influe directement sur la qualité de la vie, nous proposons que le Touquet prenne un virage à 180° concernant la qualité de l’architecture. Que la station reprenne le chemin de l’innovation et pourquoi ne pas le dire de l’excellence architecturale qui marqua ses premières années au début du XXème siècle. C’est à la municipalité de fixer les règles et de s’entourer pour cela des hommes de l’art.
Sur tous ces sujets nous souhaitons être un aiguillon, nous voulons être positifs, nous l’avons dit au Maire. C’est très bien d’être reçus par Léonce DEPREZ dans son bureau deux ou trois fois par an. Il y a un échange ; il prend des notes ; et puis derrière pshitt… plus rien. Nous regrettons qu’il n’existe pas, qu’il n’existe plus de lieu pour une réelle concertation où des propositions comme les nôtres pourraient au moins être discutées. Et je rappelle de quelle expéditive manière nous avons été exclus de la commission d’urbanisme. Tout comme une nouvelle fois nous nous désolons que la municipalité refuse de consulte les Touquettois sur leurs aspirations, au moins par une consultation informelle comme se fut le cas à Paris sinon par un referendum local.
Dans deux ans, ou plus vraisemblablement dans trois ans, aurons lieu des élections municipales. Nous les préparerons activement. Non pas bien sûr en envisageant on ne sait quelle participation à on ne sait quelle liste de candidats. Nous les préparerons en travaillant sur des projets précis, en fournissant à tous les candidats une boîte à outils, une palette aux couleurs d’un avenir plus respectueux de l’environnement et de la nature.
Quelques mots enfin sur la vie interne de notre Association. Nous avons tenu quatre réunions de Conseil d’Administration toujours très enrichissantes. Nous avons du enregistré deux démissions pour convenances personnelles celle de madame Janine RAVIN-PARE et celle de monsieur Edmond MUSIALEK.
L’Association est de manière permanente dirigée par un Bureau où se sont retrouvés Roger RAMBEAUD, vice-président et Philippe MOTTE, secrétaire général adjoint, qui vous prie d’excuser son absence aujourd’hui, à côté de Jean-Claude BOSTVIRONNOIS et de moi-même. Tout au long de l’année nous sommes restés en contact étroit les uns avec les autres
Jean-Claude BOSTVIRONNOIS s’est retrouvé cette année à cumuler les fonctions de trésorier avec celle de secrétaire général. Une lourde charge. Il est le point fixe touquettois de notre Association. Je tiens à le remercier très chaleureusement pour son travail, sa disponibilité, son amitié. J’espère qu’il se trouvera dans le prochain Conseil d’Administration un candidat ou une candidate pour prendre son relais à ce poste de trésorier..
Dans quelques instants, en fin de réunion vous aurez en effet à désigner de nouveaux membres pour siéger au Conseil d’Administration. Parmi les candidatures figure la mienne. J’ai en effet décidé de vous remettre ma démission. Après cinq ans, cela me paraît normal. Mais comme je demeure motivé et plein d’enthousiasme pour les idées et les actions de l’ASFD je me représente. Et nous souhaitons que vous soyez nombreux et nombreuses à nous rejoindre au Conseil.
Un dernier mot pour encourager chacun, chacune à davantage de participation. Ecrivez-nous, par courrier ou par mail. Visitez notre site. Faites nous part de vos idées. Une association, c’est l’affaire de tous ses membres. Vous êtes de plus en plus nombreux. Bravo. Merci aussi d’être de plus en plus en plus actifs.
Merci de votre attention.RETOUR AU SOMMAIRE ASSEMBLEE GENERALE 05